Pas de murale du centenaire sans Fredy Villanueva

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En 2015, Montréal-Nord a soufflé ses 100 bougies.

Parmi les différentes activités prévues pour célébrer ce centième anniversaire, on retrouve un projet de murale artistique d’envergure sur le mur continu de la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord et de l’aréna Rolland.

Il s’agit plus précisément d’une murale, dont la dimension totalisera 210 pieds par 30 pieds, constituée de cinq à sept vignettes d’une taille maximale de 20 pieds par 20 pieds, qui sera produite par l’organisme MU, en partenariat avec l’arrondissement de Montréal-Nord.

Selon l’avis public diffusé en mars 2015 par MU, l’idée derrière ce projet de murale est de « mettre en lumière des valeurs, des moments et monuments ainsi que des personnages marquants de l’histoire de Montréal-Nord et refléter la devise du centenaire, c’est-à-dire histoire, diversité et solidarité ». (1)

Malheureusement, il semble que l’intervention policière qui a coûté la vie à Fredy Villanueva, le 9 août 2008, soit la dernière chose que l’arrondissement de Montréal-Nord ait envie de voir sur la murale du centenaire.

Or, l’arrondissement a pourtant choisi de produire la murale du centenaire sur le mur donnant directement sur le stationnement devant lequel le jeune Villanueva s’est effondré sous les balles de l’agent Jean-Loup Lapointe du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) !

Mais faut-il s’étonner de l’attitude de l’arrondissement quand on sait que celui qui en était jusqu’à tout récemment le maire, Gilles Deguire, a lui aussi été policier au SPVM, et ce, pendant 30 longues années, avant de plonger en politique et d’accéder au poste de premier magistrat de Montréal-Nord, à l’occasion des élections municipales de novembre 2009 ?

Bien qu’il ait quitté le SPVM depuis une quinzaine d’années, il y a fort à parier que Gilles Deguire n’ait jamais cessé de penser comme un policier. Pour reprendre les propos d’un employé de l’Unité des enquêtes spéciales, basé en Ontario :

Si pendant 30 ans vous procédez aux arrestations… du même type de personnes, et si vous enfermez ces gens-là dans une catégorie, c’est dur de sortir de cet état d’esprit. Et si vous travaillez pendant 30 ans avec certains types de gens, et si vous pensez qu’ils sont extraordinaires, c’est dur de se faire à l’idée que de temps en temps l’un d’eux peut avoir un comportement non idéal ou même criminel… Bien sûr, il y en a qui ne sont pas influencés par des idées préconçues, mais je dirais que la majorité d’entre eux le sont. (2)

Ce même Deguire n’a d’ailleurs jamais caché sa profonde hostilité à toute forme de commémoration à l’égard de la tragique fin de vie de Fredy Villanueva.

Ainsi, en août 2011, Gilles Deguire avait rapidement rejeté l’idée de donner le nom de Fredy Villanueva au parc Henri-Bourassa, et ce, avant même d’avoir reçu une demande formelle en ce sens. « Non, il n'y aura pas de changement de nom. C'est un parc qui a 45 ans d'histoire, au nom d'Henri Bourassa, un grand politicien », avait-il déclaré. (3)

Sans gêne, le maire de Montréal-Nord proclamait d’ailleurs avoir « tournée la page » sur la terrible bavure du 9 août 2008… et ce, avant même que le coroner André Perreault n’ait déposé son rapport d’enquête sur les causes et circonstances du décès de Fredy Villanueva !

« Est-ce qu'on peut tourner la page ? Ma réponse est claire, nette et précise : on l'a déjà tournée, avait en effet déclaré Gilles Deguire au Devoir, quelques mois avant que le rapport du coroner Perreault ne soit déposé. (4)

Puis, au lendemain du septième anniversaire du décès de Fredy Villanueva, l’arrondissement a de nouveau démontré son zèle à effacer tout souvenir du jeune homme qui était âgé de seulement 18 ans lorsqu’il a été abattu par le policier Lapointe.

Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 août 2015, un graffiti sur lequel on pouvait lire « Freddy RIP » [sic] est apparu sur le mur arrière de la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord qui, comme on le sait, est l’endroit précis où doit être produite la murale du centenaire.

Et dès les premières heures de la matinée du 10 août, des employés de l’arrondissement étaient sur place, à s’affairer à faire disparaitre la peinture blanche que les graffiteurs avaient utilisés pour rendre hommage au jeune Villanueva, un geste que Gilles Deguire s’était par ailleurs permis de qualifier de « navrant ». (5)

Le déni de Deguire

Bref, quand vient le temps de rejeter toute idée de commémoration du drame du 9 août 2008, Gilles Deguire et son arrondissement se montrent aussi vite sur la gâchette que ne l’a été l’agent Lapointe lorsque ce dernier a fait feu sur trois jeunes non-armés, tuant ainsi Fredy Villanueva et blessant deux de ses amis.

 

Gilles Deguire aurait préféré faire comme si rien n’était arrivé, tout comme l’arrondissement de Montréal-Nord a bêtement ignoré la recommandation que le coroner Perreault lui a adressée dans son rapport d’enquête – recommandation qui n’avait d’ailleurs rien d’anodine puisqu’elle portait sur « la mise sur pied d'un plan d'action particulier relatif à la lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale des personnes et des communautés qui composent la population de Montréal-Nord ». (6)

Les sympathisants à la cause de la famille Villanueva n’avaient cependant pas dit leur dernier mot, comme en fait foi la pétition revendiquant qu’une partie de la murale du centenaire soit consacrée à commémorer Fredy Villanueva.

Signée par une soixantaine de personnes, la pétition avait circulé lors de la plus récente vigile tenue en l’honneur du jeune disparu, soit celle du 9 août 2015, avant d’être acheminée à l’arrondissement de Montréal-Nord.

« Nous souhaitons que la murale serve aussi à démontrer que Montréal-Nord n’est pas amnésique face aux causes qui ont mené au décès de ce jeune qui, comme plusieurs, souhaitent vivre dans un monde qui reconnaît la différence comme une richesse et non comme une menace », pouvait-on lire, notamment, dans le texte signé par les pétitionnaires.

Fidèle à lui-même, Gilles Deguire s’est, dans un premier temps, obstiné à continuer à faire la sourde oreille face à ces revendications pourtant tout à fait légitimes.

« Je l’ai dit à maintes reprises : je crois que la collectivité nord-montréalaise a tourné la page sur cet événement, a-t-il affirmé au journal Le Devoir. [Parler de ce sujet] n’apporte pas une valeur ajoutée au bien-être de la collectivité ». (7)

Lors de ce même entretien, Gilles Deguire est même allé jusqu’à avancer que c’est l’ensemble de la collectivité qui ne voudrait plus entendre parler de "l’affaire Fredy Villanueva".

« L’ensemble de la collectivité qui veut changer l’image de Montréal-Nord, qui veut avoir le sentiment de fierté et d’appartenance à une collectivité ne voit pas du tout comment on pourrait nommer un parc ou avoir dans un des cinq tableaux une signification particulière pour le jeune Villanueva », a-t-il lancé.

Des propos repris lors d’autres entrevues avec les médias.

« La collectivité de Montréal-Nord regarde vers son avenir et on veut avoir un avenir meilleur », de prétendre Gilles Deguire pour justifier son opposition à toute référence directe à feu Villanueva sur la murale du centenaire. (8)

Lors d’entrevues sur le réseau LCN, Gilles Deguire a également soutenu n’avoir jamais été interpellé par quiconque pour que la mémoire de Fredy Villanueva soit commémorée, et ce, depuis son élection à l’arrondissement.

« Moi, je n’ai jamais senti en six ans là, que ce soit au conseil ou lors de mes rencontres avec les organismes ou les citoyens, qu’il y avait cet appel-là », déclare-t-il lors d’une entrevue menée par Mario Dumont. (9)

Bref, parler à Gilles Deguire d’inclure Fredy Villanueva dans la murale du centenaire revenait à parler à… un mur.

Ou à une autruche jouant les amnésiques.

Lui, qui, semblait incapable de voir le jeune Villanueva en peinture.

Et encore moins en murale...

Entrevues laborieuses

Ironiquement, c’est l’entêtement du maire Deguire à ne plus vouloir entendre parler de "l’affaire Fredy Villanueva" qui a fait en sorte que les médias aient autant couvert la controverse entourant le projet de murale du centenaire, en août dernier.

Une situation qui ne va d’ailleurs pas sans rappeler le débat sur les mesures de sécurité de l’étui à pistolet de l’agent Lapointe à l’enquête du coroner Perreault : plus Pierre-Yves Boisvert, avocat de la ville de Montréal et de son service de police, se démenait comme un diable dans l’eau bénite pour occulter cette question, et plus on en parlait, tant durant les audiences publiques que dans les médias…

Mais, à l’instar de Pierre-Yves Boisvert, Gilles Deguire a eu beaucoup de difficultés à faire passer son message, comme en témoigne le verbatim d’une partie de cette laborieuse entrevue avec l’animatrice Caroline Lacroix du réseau LCN :

Caroline Lacroix : Donc un message général, et non pas faire écho au drame qui s'est produit sur votre territoire?

Gilles Deguire : Tout à fait, tout à fait, Montréal-Nord a 100 ans, il y en a eu plusieurs événements… (interrompu)

Caroline Lacroix : Mais celui-là a vraiment marqué les esprits, monsieur Deguire, dans le Devoir je lis une déclaration que vous avez fait, vous dites : Je l’ai dit à maintes reprises : je crois que la collectivité nord-montréalaise a tourné la page sur cet événement... êtes-vous certains de ça?

Gilles Deguire : Tout à fait, j'ai… (interrompu)

Caroline Lacroix : La collectivité nord-montréalaise a tourné la page sur la mort de Fredy Villanueva?

Gilles Deguire : Moi, là, moi, là, madame, on est respectueux de la famille, on… on reconnaît le chagrin des gens, mais la collectivité de Montréal-Nord regarde vers son avenir, on voulait avoir un avenir meilleur, moi je veux avoir des citoyens qui sont fiers d'appartenir à une communauté de qualité, c'est pour ça que je me lève le matin...

Caroline Lacroix : Oui, mais ce qui s'est produit, par contre... (interrompu)

Gilles Deguire : …au bureau...

Caroline Lacroix : ...monsieur Deguire, a fait revoir le travail des policiers, il y a eu des recommandations du coroner dans ce dossier-là, vous pouvez pas dire que c'est un événement comme tant d'autres qui se sont produit à Montréal-Nord.

Gilles Deguire : Mais je suis tout à fait d'accord avec vous, madame, et c'est pour ça que je vais rencontrer ces signataires-là, dont je ne les connais pas, mais l'ensemble de la collectivité, les organismes, je ne crois pas, ne souscrivent à cette tendance-là. Je suis le maire de tous les Nord-montréalais, Nord-montréalaises, et je vais penser au bien collectif de ma communauté pour souligner le centenaire de Montréal-Nord par cette œuvre. (10)

Gilles Deguire n’a pas réussi à se montrer davantage persuasif lors de l’entrevue qu’il a accordée à Franco Nuovo sur les ondes de la chaine radiophonique Ici Radio-Canada :

Franco Nuovo : Ici, au Québec comme ailleurs dans le monde, on commémore les événements marquants pour en souligner l’importance. Dawson, Polytechnique. Bon, ça été souligné. C’est marqué, il y a des plaques commémoratives, il y a des… pourquoi vous, vous refusez catégoriquement ça ?

Gilles Deguire : Ben, regardez… (interrompu)

Franco Nuovo : Pourquoi vous mettez… en fait, c’est comme vouloir mettre sous le tapis, cacher sous le tapis un événement qui a marqué l’ensemble du Québec, pas seulement Montréal-Nord ?

Gilles Deguire : Monsieur Novo [sic], nous avons cette priorité d’avoir une qualité de vie pour les gens du milieu, donc je vais rencontrer les pétitionnaires d’ici la fin de la fin de la semaine. Nous allons voir ensemble s’il y a une bonification qui peut être faite de l’ensemble de l’œuvre, mais encore une fois, je pense qu’il y a des gens qui ont traversé le temps, dont le maire de Montréal-Nord qui était monsieur Yves Ryan, maire pendant 38 ans, qui ne fait pas parti de cette murale-là, donc, c’est pour vous dire, là, que vraiment on veut se projeter dans l’avenir, et regarder ce qu’il y a de meilleur pour Montréal-Nord. (11)

Des militants de Montréal-Nord Républik et de la CRAP ont effectivement rencontrés Gilles Deguire, lequel était accompagné de sa garde rapprochée et d’une représentante de MU, aux bureaux de l’arrondissement, le 20 août 2015, pour discuter de la situation avec la murale du centenaire.

Ce n’était certainement pas de gaieté de cœur que le maire de Montréal-Nord a ouvert les portes des bureaux de l’arrondissement aux sympathisants à la cause de la famille Villanueva, mais bien parce qu’il a été forcé de constater qu’il était en train de perdre la bataille médiatique, tout simplement.

Ainsi, comme on l’a vu ci-haut, chaque fois que Gilles Deguire commençait à se sentir coincé en entrevue, il soulignait le fait qu’il allait rencontrer les partisans de l’inclusion de Fredy Villanueva dans la murale. Autrement dit, la rencontre du 20 août 2015 représentait pour lui une porte de sortie face à des médias ne cachant pas leur scepticisme à l’égard du discours du maire de Montréal-Nord.

La veille de la rencontre, Gilles Deguire essayait même de donner l’impression qu’il avait mis quelques gouttelettes d’eau dans son vin.

« Nous sommes prêts à voir s’il y a une façon de bonifier la murale, soit en ajoutant un poème, une phrase ou une allusion. Nous sommes à la recherche de solutions et verrons ce que les groupes et les artistes ont à nous proposer », a-t-il déclaré au journal Métro. (12)

Mais attention : pas question, pour Gilles Deguire, d’autoriser la présence d’une référence directe au jeune Villanueva au sein de la future fresque.

« Je ne pense pas que le nom ou l’image [de Fredy Villanueva] donnerait une valeur ajoutée à la murale», a en effet répété le maire de l’arrondissement.

Bref, Gilles Deguire a cherché à faire croire qu’il voulait jeter du lest, alors que dans les faits, il ne cédait sur rien de rien.

Les "haters" à la rescousse ?

La même journée, l’arrondissement annonçait la tenue d’une « large consultation » sur le projet de murale du centenaire.

« Étant donné les diverses demandes qui sont formulées pour ce projet, je souhaite que nous prenions le temps d'entendre les citoyens et de travailler avec eux pour qu'ils s'approprient davantage cette murale », a indiqué Gilles Deguire. (13)

Lors de la rencontre du 20 août 2015, Gilles Deguire avait lui-même parlé d’une « grande consultation » lors de laquelle plus d’une centaine d’organismes ont été consultés ou seront consultés.

C’est d’ailleurs la décision de lancer une consultation qui est à l’origine du report de la réalisation de la murale du centenaire à la présente année 2016, soit durant la 101e année d’existence de Montréal-Nord.

Bien qu’il soit difficile de reprocher aux pouvoirs publics de vouloir prendre le pouls de la population – une pratique qui gagnerait d’ailleurs à être généralisée – tout porte à croire que Gilles Deguire ne cherchait qu’à gagner du temps, ou à carrément le noyer le poisson, avec cette « consultation citoyenne » convoquée dans un climat d’improvisation.

Improvisation, parce dans un communiqué daté du 21 octobre 2015, l’arrondissement affirmait, à qui voulait bien l’entendre, que ses efforts pour sonder le public et les groupes locaux n’avaient pas été fructueux.

« Les circonstances ont fait en sorte que la démarche d'information et de sensibilisation auprès des citoyens et des organismes du secteur, a dû se dérouler en plein cœur de l'été ; la démarche a, dans ces circonstances, donné peu de résultats », lit-on. (14)

Or, dans les faits, tout porte à croire que l’arrondissement n’avait jamais eu, à l’origine, l’intention de consulter la population au sujet du projet de murale du centenaire.

C’est, en effet, ce que laisse croire cet autre extrait du communiqué de l’arrondissement :

Au moment où les travaux de réalisation allaient s'amorcer au milieu du mois d'août, les éléments de contenu de l'œuvre à réaliser ont fait l'objet d'une remise en question dirigée par le regroupement Montréal-Nord Républik.

Ainsi, les vignettes avaient été choisies… et l’arrondissement souhaitait aller de l’avant avec le projet de murale, tout en étant parfaitement conscient du fait que la soi-disante « démarche d'information et de sensibilisation » avait été bâclée.

En outre, l’avis public diffusé par MU, en mars 2015, ne fait aucune mention de quelque consultation que ce soit auprès des citoyens dans le processus de sélection des vignettes, seulement la constitution d’un jury de sélection.

Enfin, signe que la décision de tenir une consultation a été prise à la va-vite, il faudra attendre jusqu’au 21 octobre 2015 – soit deux mois après que ladite consultation ait été annoncée publiquement – avant que l’arrondissement se sente prêt à diffuser un communiqué apportant certaines précisions relativement à la « démarche de participation citoyenne ».

Le communiqué traitait plus spécifiquement de la création d’un groupe de travail qui aura « pour principal mandat de réfléchir aux contenus proposés par l'arrondissement et traités par les artistes pour réaliser la murale ».

À ceux qui nous diront que le processus de consultation est toujours en marche et qu’il faut laisser la chance au coureur, nous répondrons que les motivations derrière la décision de l’arrondissement de sonder le public et les organismes sont éminemment questionnables.

Il y a effectivement de bonnes raisons de penser que l’arrondissement cherche simplement à donner une sorte de « caution citoyenne » à son refus catégorique d’inclure le jeune Villanueva dans le projet de murale.

Autrement dit, la consultation est on ne peut plus bidon, dans la mesure où l’arrondissement n’a montré aucun réel signe de flexibilité dans sa position et veut entendre ce qu’il veut bien entendre.

Ainsi, après avoir constaté le fiasco de son « pitch » auprès des médias, Gilles Deguire semblait en être arrivé à la conclusion que son meilleur allié dans son intransigeance sera vraisemblablement cette portion de l’opinion publique farouchement hostile à la famille Villanueva.

Bref, Gilles Deguire voudrait instrumentaliser les "haters" anti-Villanueva, qui carburent par ailleurs souvent à la xénophobie, de façon à faire valider son désir d’exclure à tout prix le jeune Villanueva de la murale du centenaire.

Et il ne s’agit pas ici de paroles en l’air.

Revenons sur l’épisode de la tentative de changement de nom du parc Henri-Bourassa, dont il a brièvement été question ci-haut.

À l’époque, l’arrondissement n’avait pas hésité à s’appuyer sur l’opinion de citoyens tenant un discours anti-Villanueva plus que douteux, aux accents xénophobes dans certains cas.

« Le parc Henri-Bourassa est bien nommé ainsi. Nous recevons nombre d'appels, de courriels de citoyens et les gens nous envoient le message que ce n'est pas leur souhait », avait déclaré à Radio-Canada Hugues Chantal, directeur Services administratifs, des relations avec les citoyens et du greffe de Montréal-Nord, en août 2011. Monsieur Chantal avait même soutenu que l’arrondissement recevait « des dizaines de courriels et d’appels par jour », ajoutant que ceux-ci « frôlaient la centaine ». (15)

Dans le reportage de Radio-Canada, on pouvait entendre monsieur Chantal faire la lecture à la journaliste Solveig Miller d’extraits de certains des courriels reçus par l’arrondissement. « Je suis contre le fait de renommer le parc », dit l’un d’eux. « Je suis tanné de cette histoire », mentionne un autre.

Une semaine après la diffusion du reportage, un militant de la CRAP a envoyé une demande d’accès à l’information à l’arrondissement afin d’obtenir une copie de tous les documents en sa possession se rapportant à des communications entre les citoyens et l’arrondissement relativement à l’idée de changer le nom du parc Henri-Bourassa, incluant la totalité des courriels auxquels monsieur Chantal faisait allusion au cours du reportage de Radio-Canada.

Ironiquement, la demande d’accès à l’information a été traitée par monsieur Chantal lui-même, bien que ce dernier ne soit pas responsable de l’accès à l’information au sein de l’arrondissement.

Dans une lettre datée du 23 août 2010, monsieur Chantal a répondu que l’accès aux documents en question était refusé au demandeur, en invoquant les articles 53, 54 et 59 de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Notons que ces trois dispositions portent sur la protection des renseignements personnels confidentiels.

Insatisfait, le demandeur a alors demandé à la Commission d’accès à l’information de procéder à la révision de la décision de l’arrondissement, en faisant valoir que l’arrondissement n’avait qu’à caviarder les renseignements qu’elle estime être de nature personnelle et de communiquer le reste des informations qui ne le sont pas, une pratique par ailleurs courante en matière d’accès à l’information.

Il a aussi fait observer que si la position de l’arrondissement était à l’effet que les courriels sont composés en totalité de renseignements personnels confidentiels, alors comment expliquer que ce qui serait supposément confidentiel pour le demandeur ne l’était manifestement pas pour la journaliste de Radio-Canada qui, comme on l’a vu, a eu droit à la lecture d’extraits des courriels, le tout pendant que la caméra tournait ?

Bref, la position boiteuse de l’arrondissement était minée par une incohérence pour le moins criante.

D’ailleurs, sept mois après le dépôt de la demande de révision, l’arrondissement  a fait volte-face et communiqué les courriels dans leur intégralité, en masquant les renseignements personnels confidentiels qu’ils contenaient, comme le nom des auteurs et les adresses courriel en tant que telles.

De toute évidence, l’arrondissement s’est servi de la loi sur l’accès à l’information pour tenter de soustraire des informations potentiellement embarrassantes à la vue d’un demandeur dont elle ne pouvait par ailleurs ignorer son implication dans la CRAP.

En bout de piste, l’arrondissement n’aura réussi qu’à gagner du temps.

Suite à la réception des documents, une première constatation s’impose : l’arrondissement a reçu seulement sept courriels. On est loin des « des dizaines de courriels » dont parlait monsieur Chantal dans le reportage de Radio-Canada.

Seconde constatation : certains auteurs des courriels semblent bourrés de préjugés envers les immigrants, tandis que d’autres font preuve d’une ignorance crasse envers "l’affaire Villanueva", comme en témoigne les extraits reproduits ci-dessous.

Dans le premier courriel, qui est le fait d’une femme se présentant comme une résidente de Montréal-Nord, on peut lire ceci :

Le nom de famille de Freddy [sic], représente d’abord et avant le nom d’un membre de gang de rue… Est-ce qu’il y a un parc Al Capone ou encore un boulevard Jacques Mesrine? […] Quel exemple voulez-vous donner aux enfants et adolescents du quartier, en nommant un parc aussi fréquenté avec un nom de famille qui représente les gangs de rue?

Est-il nécessaire de rappeler qu’un seul membre de la famille Villanueva a eu des liens avec un gang de rue, et que cette accointance est maintenant chose du passé ?

Passons maintenant au second courriel, dans lequel on peut lire ce qui suit :

Nous sommes totalement CONTRE le fait de rebaptiser ce parc du nom du jeune voyou qui y a malheureusement trouvé la mort. Sa mère peut bien se faire aller en ce sens, elle aurait mieux fait de se faire aller à mieux élever ses enfants. Ses [sic] gens n’habitaient même plus Mtl-Nord, mais Repentigny et si les fils s’y rendaient c’était pour rejoindre leur "gang" avec laquelle ils pouvaient commettre leurs méfaits.

L’auteur de ce courriel semble ignorer que le soi-disant « voyou » auquel il a fait allusion avait non seulement un casier judiciaire vierge, mais qu’en plus, le principal avocat de la Ville de Montréal et de son service de police, Pierre-Yves Boisvert, a lui-même admis lors d’une audience de l’enquête publique du coroner Perreault, que Fredy Villanueva n’était pas considéré comme un membre de gang de rue par le SPVM. « Je tiens à préciser que jamais le service de police n’a allégué que monsieur Fredy Villanueva était membre d’un gang de rue », avait-il déclaré. (16) D’ailleurs, dans son rapport d’enquête, le coroner Perreault avait lui-même écrit que Fredy Villanueva « mérite, quant à lui, que sa mémoire ne soit pas associée à celle d'un voyou ». (17)

Dans le troisième courriel, le nom de Fredy Villanueva est malheureusement une fois de plus assimilé à celui d’un voyou :

A ce que je sache ce jeune Villanueva n’est pas un martyr. Je vois mal changer le nom d’un parc établi depuis très longtemps pour un groupe de petits voyous.

Quant au quatrième courriel, il s’apparente à une simple manifestation d’exaspération :

Je suis contre, du fait de renommée [sic] le parc au nom de Freddy V. [sic]

Je suis tanné avec cette histoire qui nous coute [sic] une fortune.

L’auteur du cinquième courriel semble avoir bien mal lu une nouvelle faisant état de la revendication à l’effet de changer le nom du parc :

J’ai lu dans La Presse la semaine dernière (je crois que c’était jeudi) un entrefilet qui disait que le nom du parc Henri-Bourassa allait être changé pour le parc Freddy [sic] Villanueva. Est-ce vrai ? Est-ce que ça deviendra le nom officiel du parc ? Si c’est le cas, je considère que c’est une insulte pour le travail des policiers.

Dans le sixième courriel, l’auteur se veut un porte-parole des « gens honnêtes » :

Au secours ! SVP ne jamais changer [sic] le nom de ce parc pour celui d’un petit bandit immigrant ! Si vous le faites où sera la morale dans cette société ! Au nom des gens honnêtes svp ne donner [sic] pas suite à cette demande. Merci !

Qui d’autres que les xénophobes en puissance emploient des expressions comme « petit bandit immigrant » ?

Enfin, le septième et dernier courriel est aussi le plus long de tous :

Concernat [sic] l’affaire Fredy Villanueva..je ne peux croire que la ville puisse se laisser imposer des affiches avec le nom du par [sic] "Henri-Bourassa" changer [sic] au nom du jeune (paix est son âme [sic]) ..et que l’on peut voire [sic] au bas de l’affiche "ancien parc Henri Bourassa".. ??

Plus effronté que ça.. tu meurt ! [sic]

Quoi ? Y’ont acheté la ville.. ils font LEUR loi dans la ville.. oui.. ça on le sait tous.. ils ont droits [sic] de faire des émeutes.. de vendre de la drogue.. d’être membre [sic] de gang de rue.. par la justice d’être retourner [sic] dans leur pays parce qu’ils sont des criminels en permanence.. et de faire appel.. bien entendu car ils sont trop bien ici.

Regardez.. les accomodements [sic] raisonnables.. acceuillirs [sic] d’autres ethnies.. je suis pour à 200%.. à condition qu’ils s’intègrent à nous et non l’inverse.. qu’ils respectent notre loi.. notre justice.. notre ville.. et non que nous nous ayons à nous plier à leurs lois.. à leur justice de gang de rue.. et surtout pas à changer les noms de nos parcs.. !

Pas croyable.. les citoyens de la ville.. qui vivent ici depuis plus de 20-25-30 ans.. ne sont plus ches [sic] eux.. la ville ne prend même plus SA place pour ne pas offenser ces petites "bêtes" quand on sait que pour plusieurs d’entre eux.. ils n’ont même pas leur citoyenneté canadienne.. sont sur l’aide Sociale.. les jeunes boivent de l’alcool sans vraiment se cacher parfois avant même que midi ai sonné et après on se fait dire qu’on est raciste [sic] et pas accommodant.. qu’ils sont persécutés? Qu’y arrêtent de boire..! Si je vous dis que j’en ai comme assez.. me croirez vous ?

[…]  aucuns [sic] citoyens N’ACCEPTERA qu’une demande pour changer de nom soit accepté.. [sic] surtout pour pour [sic] le nom d’un petit voyou.. […] le meilleur qui pourrait arrivé [sic] serait que cette famille déménage.. ou se fasse discrète.. [sic]

J’ai vu l’évolution de la ville de l’arriver [sic] de ses [sic] gens dans notre pays.. quand nous parlons de Montréal Nord.. on se fait répondre : Ha oui.. Montréal NOIR.. HA LA VILLE GANG DE RUE.. ou encore.. OUAIS C’EST DANGEREUX CETTE VILLE L’À.. [sic] C’EST COMME LE BRONX.. très flatteur.. et d’après ce que je constate.. tous ces gens que nous avons acceuillis [sic] à bras ouverts.. ont maintenant prit le contrôle de cette ville d’adoption.. et les dirigeants de la ville les laissent faire.. ont peur.. ou achète [sic] la paix au détriment des vrais payeurs de taxes.. des bons citoyens qui demanderaient rien d’autre que d’avoir une vie paisible.. dans le "Bronx"

Un tel discours aussi explicitement d’extrême-droite se passe de commentaires.

Un stade à Montréal-Nord ?

Cinq ans après cet épisode, Gilles Deguire n’a pas hésité à invoquer l’opposition de citoyens au changement de nom du parc Henri-Bourassa pour donner un semblant de légitimé à son intransigeance dans le dossier du projet de murale du centenaire.

« Les gens qui m’ont demandé une transformation pour le nom du parc, ou quoi que ce soit, même en 2010, 2011, il y avait eu cette tentative, et il y avait eu un sondage, de mémoire, c’était 97 % de la population qui avait dit non, le parc va demeurer, le parc Henri-Bourassa », a-t-il en effet soutenu durant l’entrevue menée par Franco Nuovo.

Nous confessons qu’à la CRAP, nous n’avions encore jamais entendu parler de l’obscur sondage auquel Gilles Deguire a fait allusion.

Le seul « sondage » que la CRAP a trouvé en faisant une recherche sur Google est celui qui a été mené sur un forum appelé Immigrer.com, en août 2011.

La quasi-unanimité affiché dans les résultats du sondage (93.48 % contre, 2.17% pour, 4.35% s’en fiche) et le fait qu’il ait été mené en 2011 – l’une des deux années mentionnées par Gilles Deguire – laissent  croire qu’il s’agit de la même enquête d’opinion que celle mentionnée par l’ex-maire de Montréal-Nord sur les ondes de Radio-Canada.

Notons cependant que seules 46 personnes ont pris part au sondage.

La taille de l’échantillon est de toute évidence trop microscopique pour que l’on puisse conclure à un sondage scientifique.

En outre, rien ne permet de croire que l’échantillon soit représentatif de la population étudiée. 

Le caractère non-scientifique du sondage est également confirmé par le fait qu’à aucun endroit, il n’est fait mention de la marge d’erreur.

Par ailleurs, bien que seules les personnes inscrites sur le forum aient eu droit de citer, rien ne suggère que le forum en question était doté d’un mécanisme empêchant une même personne de voter plus d’une fois. En effet, pour s’inscrire, il suffisait de fournir une adresse courriel et un nom ; une personne utilisant plus d’une adresse courriel et différents pseudonymes pouvait donc voter facilement à plusieurs reprises.

Pour ce qui est du sondage en tant que tel, ça part plutôt mal puisqu’il s’intitule « Rebaptiser le stade Bourrassa en Villanueva, à Montréal ».

Un stade à Montréal-Nord ? Depuis quand il y a un stade à Montréal-Nord ??

La personne à l’origine du sondage, répondant au nom de « Baker & Hattaway », a d’ailleurs trahie sa propre ignorance en confondant Fredy Villanueva avec son grand frère, Dany, dans un post publié sur la page du sondage :

Mais Fredy n'était pas une blanche colombe ... son dossier judiciaire, sans être le botin [sic], était déjà un peu noircit. Enfin, rougit plutôt si on considère que son appartenance au "bloods", sans avoir été formellement prouvée; était fortement probable.

Voyons maintenant certains commentaires mis en ligne par un certain Mark-Beaubien, l’un des opposants au changement de nom de parc les plus bruyants :

Depuis quand devrait-on donner le nom d'une petite frappe notoire à un parc ? Qu'a fait Villanueva pour le Québec ? Nada !

Qu'on passe plus de tempos à expulser son monte-en-l'air de frère du pays au lieu de deviser sur de telles inepties !

[…]

Profilage racial ? C'était une petite frappe, donc le profilage racial n'a rien à voir là-dedans. La police ne va quand même pas laisser courir des voyous sous prétexte qu'elle ne veut pas être accusée de racisme.

Mais je confirme: il ne méritait pas de mourir comme ça... mais qu'on ne vienne pas me faire avaler qu'il est tout blanc dans cette histoire. Il avait qu'à écraser devant les policiers, surtout qu'il était 100% en tort, et il serait sûrement au Honduras avec son frère à l'heure qu'il est, frère qui abuse de la renommée de son frère pour amadouer Immigration Canada et continuer de sévir à nos crochets à Montréal.

[…]

Bien sûr que le profilage racial existe, et heureusement d'ailleurs. Comment feraient-ils autrement ? Et dans les aéroports ? On laisserait passer un barbu enturbannée [sic] et une burqa, mais on arrêterait une petite grand-mère pour fouille approfondie ? Désolé, mais c'est normal, le profilage racial. Si tu n'as rien à te reprocher, il ne t'arrivera rien, point.

À Québec, je vois très régulièrement des Blancs arrêtés, sauf qu'eux ne peuvent pas geindre et crier au racisme à tout bout de champ !

Parmi les autres interventions notables, citons celle d’un utilisateur utilisant le pseudonyme « Blabla+ » :

Pourquoi un bum comme Villanueva quand on peut avoir un parc Bourassa-Cotroni-Rizzuto-Charest?

On retrouve le même ton dans les interventions signées « LeBalladin » :

Les voyoux [sic] blancs se font interpeller aussi par les policiers, dans le cas de Fredy Villanueva, un voyou membre d'un gang criminel, les Bloods, lui et d'autres voyous ont voulu s'en prendre à un policier qui voulait arrêter son frère Dany Villanueva, aussi un voyou membre des Bloods, qui a un dossier judiciaire et qui était en bris de probation.

Donc aucunenment [sic] profilage raciale [sic], si Fredy Villanueva et une vingtaine de jeunes voyous n'avaient pas tenté [sic] d'agressé [sic] un policier et tenter [sic] d'empêcher l'arrestation de son frère en bris de condition et qui résistait à son arrestation, Fredy Villanueva serait encore en vie. Faut arrêter de voir faussement du racisme partout. Faut arrêter à vouloir défendre l'indéfendable et les actions criminels de voyous. Fredy Villanueva a été l'artisan de son propre malheur.

Et je m'oppose à ce que le nom d'un stade porte le nom d'un voyou qui a déjà été membre d'une organisation criminel [sic].

[…]

Je pense qu'on devrait donner au stade Bourrassa [sic] le nom de la personne qui a flingué ce Villanueva.

On pourrait aussi donner le nom de Villanueva à un urinoir public, ou peut-être, à une bouche d'égoût [sic]. Il y en a beaucoup. On a un stock suffisant d'endroits à renommer, au fur et à mesure que des événements similaires se produiraient.

Gilles Deguire s’est donc appuyé sur quelques dizaines d’internautes anonymes tenant des propos ouvertement calomnieux et orduriers, pour soutenir que la population ne veux rien savoir de commémorer la mémoire de Fredy Villanueva.

Au mieux, Gilles Deguire ne voulait pas s’aliéner le vote des "haters" en vue de son prochain rendez-vous avec l’électorat.

Au pire, il pense comme eux.

Mentir pour sauver la face

Après avoir refusé de communiquer les courriels de citoyens pendant plusieurs mois dans l’affaire du changement de nom du parc Henri-Bourassa, l’arrondissement fait à nouveau preuve d’opacité concernant une nouvelle demande d’accès à l’information que lui a envoyé un militant de la CRAP, cette fois-ci en relation avec le projet de murale du centenaire.

Dans sa demande d’accès, envoyée par courriel le 11 août 2015, le militant demandait notamment à ce que l’arrondissement lui communique une copie de chaque vignette ayant été soumise pour approbation au jury de sélection.

L’arrondissement a pris plus de trois mois avant de prendre position par rapport à la demande d’accès, ce qui représente trois fois plus de temps que le délai maximal prévu par la loi sur l’accès à l’information pour traiter une demande d’accès.

Et, contre toute attente, Me Marie Marthe Papineau, la responsable de l’accès à l’information pour Montréal-Nord, a soutenu, dans une lettre datée du 18 novembre 2015, que l’arrondissement « n’a aucun document en sa possession ».

Ainsi, l’arrondissement prétend, à qui veut bien le croire, ne pas détenir les vignettes produites par les artistes désireux de voir leurs œuvres figurer dans la murale du centenaire.

Déjà là, il y avait matière à soupçonner anguille sous roche : si l’arrondissement ne possède pas les documents demandés, comment expliquer que cela lui ait prit plus de trois mois pour en informer le demandeur ?

Après tout, en matière d’accès à l’information, lorsque l’organisme affirme ne pas détenir les documents sollicités, cela règle habituellement  la question… à moins, bien sûr, que le demandeur ne soit en mesure de présenter une preuve à l’effet contraire devant une audience en révision à la Commission d’accès à l’information.

Lors d’un entretien téléphonique ayant pris place le 30 novembre 2015, Me Papineau n’a cessé de répéter au demandeur que le projet de murale du centenaire « n’émane pas de l’arrondissement », mais bien de l’organisme MU, en guise d’explications.

L’avocate est même allé jusqu’à dire que la murale du centenaire n’était « pas un projet de l’arrondissement » !

Voilà ce qui s’appelle poussé le bouchon un peu trop loin.

Comment accepter de telles explications quand on sait que l’arrondissement est lui-même impliqué jusqu’au cou dans le projet de murale du centenaire, et ce, jusqu’aux échelons les plus élevés de la hiérarchie politique de Montréal-Nord ?

Comme on l’a vu, lorsque le projet de murale du centenaire a fait l’objet d’une controverse dans les médias, ce ne sont pas les gens de MU qui sont montés au créneau, mais bien le maire de Montréal-Nord de l’époque, Gilles Deguire.

Et lorsque l’arrondissement a organisé une réunion, le 20 août 2015, avec des sympathisants à la cause de la famille Villanueva, Gilles Deguire a mobilisé la majeure partie de son état-major. En effet, outre Deguire lui-même, ont aussi pris part à la réunion:

  • Chantale Rossi, conseillère de ville représentant les citoyennes et citoyens du district de Marie-Clarac au Conseil de l’arrondissement de Montréal-Nord et au Conseil de la Ville de Montréal ;
  • Céline Pelletier, chargée de communication à la Division des relations avec les citoyens et des communications de l'arrondissement de Montréal-Nord ;
  • Jean-Marc Jacques, chef de cabinet du maire Deguire ;
  • Rachelle Laperrière, directrice de l’arrondissement ;
  • Claire-Acélie Sénat, chargée de projet en médiation culturelle à l’arrondissement de Montréal-Nord.

Et après ça, on veut nous faire avaler que le projet de murale du centenaire n’est pas un projet de l’arrondissement ? Et ce, alors que Gilles Deguire a reconnu durant la rencontre que c’est l’arrondissement lui-même qui avait choisi l’emplacement de la murale du centenaire?

Certes, Elizabeth-Ann Doyle, directrice générale de MU, était également présente. Mais elle n’a pratiquement pas ouvert la bouche de toute la rencontre.

Dans les faits, l’arrondissement de Montréal-Nord est un partenaire du projet de murale du centenaire, tel qu’il appert de l’avis public diffusé par MU.

Et, fait à souligner, l’avis public mentionne que « la maquette finale avec les cinq à sept vignettes révisées devra être approuvée par les partenaires du projet avant que les artistes ne soient officiellement sélectionnés pour la réalisation de cette murale ».

En toute logique, si l’arrondissement compte parmi les partenaires devant approuver la maquette finale, alors il doit nécessairement détenir des copies des vignettes.

Sinon, cela reviendrait à dire que l’arrondissement y va à l’aveuglette avec ce projet.

Et, selon ce qu’on a vu jusqu’à présent de l’attitude des têtes dirigeantes de Montréal-Nord dans ce dossier, rien ne laisse croire que l’arrondissement ait l’intention de procéder au hasard dans la sélection des vignettes, tout au contraire.

Enfin, le fait que quatre des six membres du jury de sélection relèvent directement de l’arrondissement de Montréal-Nord ne vient que confirmer que celui-ci est bien résolu à exercer un contrôle étroit sur le choix des vignettes.

Dans cette perspective, le fait que l’arrondissement prétende ne pas être en possession des copies des vignettes défie toute logique, surtout que l’arrondissement est impliqué financièrement dans le projet de murale du centenaire à hauteur d’une somme de 6000 dollars, comme le rapportait le journaliste Jean-Marc Gilbert dans un article publié sur le site web du journal Métro, le 11 août 2015. (18)

Mais la meilleure preuve que l’arrondissement raconte des salades est apparue lors de la première réunion du groupe de travail créé par l’arrondissement, tenue le 9 décembre 2015.

En effet, au début de la réunion, Rachelle Laperrière, directrice de l’arrondissement, a distribué une pochette portant le logo de Montréal-Nord à chacun des quelques vingt participants à la rencontre.

Et dans cette pochette se trouvait, notamment, une copie de…  six vignettes !

Voilà ce qu’on appelle être pris en flagrant délit de mensonge !

Il n’y a pas à dire, l’arrondissement de Montréal-Nord est vraiment tombé bien bas.

Mais comment l’arrondissement en est-il arrivé là ? Autrement dit, que cherche-t-il à cacher en essayant de tromper le demandeur avec de pareilles faussetés ?

Osons l’hypothèse suivante : l’arrondissement cherche tout simplement à cacher le fait que certaines des vignettes soumises par les artistes contenaient des références directes à Fredy Villanueva.

Une situation plutôt embêtante pour l’arrondissement, puisqu’elle confirme que ce n’est pas tout le monde qui a « tourné la page » sur le décès de Fredy Villanueva, contrairement aux prétentions de Gilles Deguire.

Marqué au fer rouge

L’obstination de l’arrondissement dans ce dossier est d’autant plus déplorable que la référence à Fredy Villanueva rencontre en tout point tous la devise du centenaire, c’est-à-dire « histoire, diversité et solidarité », tel qu’énoncée dans l’avis public diffusé par MU, en mars 2015.

Prenons isolément chacune de ces trois notions et voyons comment elles s’appliquent à l’inclusion du jeune Villanueva dans la murale du centenaire.

Histoire : le décès de Fredy Villanueva fait partie de l’histoire de Montréal-Nord, une réalité si évidente et incontestable que même Gilles Deguire a été forcé de le reconnaitre.

« L'événement de 2008 fait partie de l'histoire de Montréal-Nord », a-t-il admis, en 2013. En s’empressant toutefois d’ajouter ceci : « mais il faut regarder en avant ». (19)

Difficile de dire le contraire quand on sait que le décès de Fredy Villanueva a donné lieu à une émeute d’une envergure qu’on a rarement vu au Québec, le 10 août 2008, et fait l’objet d’une des plus longues et coûteuses enquêtes publiques du coroner de l’histoire du Québec.

Au-delà de l’enquête du coroner, la mort du jeune Villanueva a généré des retombées multiples et significatives sur la société québécoise dont les effets se font encore sentir aujourd’hui.

Juste au niveau du SPVM, trois rapports, ou études, ont été commandés à la suite des événements de 2008, soit :

  • un rapport sur les pratiques d’interpellation du SPVM dans certains quartiers dits « sensibles », produit par le criminologue du SPVM, Mathieu Charest, qui a été produit en mars 2009 ; (20)
  • un autre rapport sur les pratiques d’interpellation, cette fois-ci à Montréal-Nord, rédigé par le psychologue Martin Courcy ; (21)
  • une analyse comparée du phénomène des émeutes urbaines à l'échelle internationale qui a été demandé au Centre international de criminologie comparée de l'Université de Montréal. Publié en 2009, l’étude intitulée « Brève analyse comparée des violences urbaines » a été rédigée par une équipe de criminologues composée de Jean-Paul Brodeur, Massimiliano Mulone, Frédéric Ocqueteau et Valérie Sagant. (22)

Également en 2009, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSSM), a publié une étude intitulée « Montréal-Nord, le point de vue citoyen » sous la plume de Serge Chevalier et Anouk Lebel. (23) Le document a d’ailleurs été déposé en preuve à l’enquête publique du coroner Perreault puisqu’il faisait allusion au décès du jeune Villanueva.

De leur côté, la ville de Montréal et l'arrondissement de Montréal-Nord ont lancé une consultation auprès de la communauté sous l’égide de la table de concertation « Montréal-Nord en santé », le processus aboutissant à la production d’un rapport lui aussi publié en 2009. (24)

Plus important encore est le fait que la bavure du 9 août 2008 ait donné lieu à un début de prise de conscience collective de l’ampleur du phénomène du profilage racial, en particulier celui exercé par le SPVM, une problématique qui n’avait pas suscité beaucoup d’intérêt jusqu’alors chez les médias, surtout ceux de langue francophones.

En effet, jamais n’avait-on autant parlé de profilage racial sur la place publique, au Québec, à la suite de ce tragique incident.

Mentionnons, à ce titre, la publication d’une étude du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS), en 2009, révélant notamment que les jeunes Noirs de Montréal étaient deux fois plus susceptibles que les jeunes Blancs d'être arrêtés par la police, un taux pire qu’aux États-Unis. (25)

On se rappellera surtout de la consultation publique sans précédent sur le profilage racial et ses conséquences lancée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, en 2009, (26) à laquelle le SPVM a lui-même répondu en adoptant un « Plan stratégique en matière de profilage racial et social 2012-2014 ». (27)

Le décès de Fredy Villanueva a aussi eu pour conséquence de ramener au-devant de la scène le débat sur les enquêtes de la police sur la police lorsqu’un citoyen perd la vie aux mains de la force constabulaire, alors que cette question était à peu de choses près tombée dans l’oubli dans les médias.

Ainsi, suite aux révélations sur la façon que la Sûreté du Québec a bâclée son enquête sur l’intervention du 9 août 2008, la Protectrice du citoyen a produit un rapport d’enquête, en février 2010, recommandant au gouvernement québécois de mettre fin aux enquêtes de la police sur la police. (28)

Le gouvernement Charest a répondu à ce rapport en déposant le projet de loi 46 prévoyant la création d’un observatoire civil sur les enquêtes indépendantes, lequel est mort au feuilleton.

Puis, suite à l’élection du Parti Québécois, le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, du gouvernement Marois a déposé le projet de loi 12 prévoyant la création d’un Bureau des enquêtes indépendantes, lequel a été adopté en mai 2013.

En fait, il n’y a rien d’exagéré à aller jusqu’à dire qu’il est peu probable que le gouvernement du Québec aurait procédé à cette réforme n’eut été de la vive controverse soulevée par l’enquête de la Sûreté du Québec sur la bavure du 9 août 2008.

À n’en point douter, Montréal-Nord est, encore aujourd’hui, marqué au fer rouge par la bavure du 9 août 2008.

On n’en tient notamment pour preuve le fait que, dans les médias écrits, la plupart des articles consacrés à Montréal-Nord font systématiquement mention du décès de Fredy Villanueva et de l’émeute qui s’en est suivie.

« Les événements ont laissé un souvenir tellement profond, que c’est ce qui nous guide dans les actions que nous posons à Montréal-Nord », expliquait d’ailleurs la directrice de l’arrondissement, Rachel Laperrière, l’été dernier. (29)

Bref, la bavure policière du 9 août 2008 a laissé une tache indélébile sur l’histoire de Montréal-Nord, une tache rebelle qui résiste au passage du temps malgré les sept années qui se sont écoulées depuis le drame, tel un triste souvenir qui refuse de mourir.

Les mauvaises langues ne manqueront sûrement pas de dire que Fredy Villanueva n’a rien accompli de significatif durant son trop court passage sur Terre pour se mériter une place dans la murale du centenaire.

À cela, nous répondrons que le jeune âge de Daniel Desrochers, décédé à 11 ans suite à un attentat à la bombe survenu dans le cadre de la « guerre des motards », n’a jamais été un obstacle à lui rendre hommage.

Le hasard a d’ailleurs voulu que cette tragédie soit également survenue un 9 août, plus précisément le 9 août 1995, de sorte que pendant que la famille Villanueva et ses sympathisants commémoraient le septième anniversaire du décès de Fredy Villanueva, plusieurs personnalités, dont certains politiciens, soulignaient le vingtième anniversaire du décès de Daniel Desrochers dans Hochelaga-Maisonneuve sur les lieux du mémorial en forme d’étoile en l’honneur au jeune disparu, qui a été peinturé dans la cour de l’école primaire Saint-Nom-de-Jésus. (30)

À l’instar du jeune Villanueva, le décès de Daniel Desrochers a, lui aussi, eut un impact durable sur la société québécoise.

Dans un premier temps, sa mort a fait réaliser à la collectivité que la « guerre des motards », alors en cours depuis un peu plus d’un an à ce moment-là, pouvait faire d’autres victimes que des vendeurs de drogue généralement peu sympathiques aux yeux du public.

Dans un second temps, le SPVM et la SQ ont unis leurs efforts dans la lutte anti-motard criminalisés en créant la fameuse escouade Carcajou.

Enfin, le dépôt d’une pétition de 71 000 noms à la Chambre des communes a éventuellement donné lieu à l’adoption d’une première loi antigang, deux ans après le drame.

Une bavure payante pour l’arrondissement

Revenons maintenant aux deux derniers éléments complétant la devise du centenaire.

Diversité : Né au Honduras, Fredy Villanueva est arrivé au Canada avec son grand frère et ses trois sœurs, en décembre 1998, rejoignant ainsi ses parents qui avaient déjà obtenus le statut de réfugié, trois ans plus tôt. De toute évidence, le jeune Villanueva a contribué à apporter de la diversité à Montréal-Nord de par ses origines latino-américaines. Pour tout dire, on voit mal comment on pourrait soutenir le contraire.

Même chose en ce qui concerne la solidarité, le dernier élément thématique complétant la devise du centenaire.

Dans les jours ayant suivis les incidents d’août 2008, le mot solidarité semblait être sur toutes les lèvres des responsables de l’arrondissement et de leurs partenaires.

On pense notamment au communiqué émis par Marcel Parent, maire de l’arrondissement à l’époque, dans la semaine ayant suivi le décès de Fredy Villanueva, dont voici un extrait :

    La compassion des Nord-Montréalais pour Freddy et sa famille est palpable et même révélatrice de l'immense solidarité qui unit les résidants de Montréal-Nord. Sachez que nous n'abandonnons pas toutes les démarches que nous avons entreprises récemment pour transformer le secteur nord-est. Tous se sont unis, depuis samedi, pour multiplier les efforts de concertation et d'action au sein de la communauté pour que les jeunes du secteur nord-est de Montréal-Nord s'épanouissent librement, dans le respect et le bien-être d'une communauté solidaire. (31)

Ce même type de discours était également présent dans le milieu communautaire, comme l’illustre la création du Mouvement « Solidarité Montréal-Nord », rassemblant organismes locaux et institutionnels du secteur.

« Loin d'être divisée, notre communauté est plus solidaire que jamais », avait d’ailleurs déclaré Christine Black, directrice du centre des jeunes l'Escale et coporte-parole du Mouvement « Solidarité Montréal-Nord ». (32)

Les politiciens avaient de nouveau le mot solidarité à la bouche à l’occasion du premier anniversaire du décès de Fredy Villanueva, en août 2009, comme en témoigne les propos tenus par Denis Coderre, à l’époque député fédéral et aujourd’hui maire de Montréal, à l’occasion d’une vigie de commémoration tenue par la Coalition montréalaise de la non-violence sur les lieux mêmes du drame.

« Pour se comprendre et aller de l’avant, il faut se parler. Je suis à l’écoute. Je suis ici par solidarité avec des gens qui ont vécu un drame », avait-il alors déclaré. (33)

À la même époque, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, tenait des propos similaires.

«Il faut, dans un premier temps, qu'on s'occupe davantage des personnes qui sont dans le besoin. Et, dans un deuxième temps, qu'il y ait de la justice, par un meilleur partage des ressources que nous avons », a-t-il lancé. (34)

Au-delà du discours, des gestes empreints de solidarité ont aussi été posés, à commencer par le concert gratuit offert par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), un mois après les tragiques événements de 2008. Il s’agissait d’ailleurs de la première fois que l’OSM se produisait à Montréal-Nord. (35)

Pour le pianiste Alain Lefèvre, qui a accompagné l’OSM de cette prestation, aux côtés de Luck Mervil, cette initiative portait un message de solidarité et d’inclusion envers les jeunes.

« C'est un concert d'amour, c'est le temps que l'OSM et Kent Nagano prennent pour dire aux jeunes qu'ils sont les bienvenus et que la musique est autant pour eux que pour d'autres couches sociales », avait a-t-il expliqué.

À cela s’ajoute une foule d’autres projets.

Le club de hockey Le Canadien de Montréal a ainsi investi un million de dollars pour aménager une patinoire extérieure réfrigérée dans le parc Le Carignan de Montréal-Nord. (36)

De son côté, l’arrondissement a investi 12 millions $ en équipement récréatif pour les jeunes durant l’année ayant suivi les tristes événements – une somme représentant le triple de ce qui est habituellement dépensé dans ce domaine lors d’une année normale. (37)

Parmi les autres initiatives gouvernementales, mentionnons le projet d’habitation communautaire « Rayon de soleil », au coin des rues Pascal et Rolland, d’une valeur de 7 millions de dollars. Financé conjointement par le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal, le projet a permis à 30 jeunes mères monoparentales d’emménager dans un logement abordable. (38)

Au total, la Ville de Montréal a investi 4,5 millions de dollars pour embellir les lieux dans le seul quartier nord-est de l’arrondissement durant les cinq années ayant suivi le décès de Fredy Villanueva. À cela s’ajoute les quelques 900 000 dollars consacrés annuellement aux activités communautaires dans Montréal-Nord. (39)

De l’aveu même du directeur général de l’arrondissement de l’époque, Serge Geoffrion, les événements de 2008 ont eu pour effet de délier les cordons de la bourse de différentes instances.

« C'est sûr que ces événements-là ont ouvert les yeux à beaucoup de monde et ça nous a facilité la tâche pour convaincre les autres paliers de gouvernements d'investir dans des projets ici. On implique les gens. Et ils s'approprient les projets, que ce soit pour l'aménagement d'un parc, l'embellissement d'une rue. Il y a eu un grand changement de mentalité à Montréal-Nord. Ça avait déjà commencé, mais les événements ont eu ça de positif c'est que ça a accéléré ce mouvement-là », lance-t-il. (40)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le décès de Fredy Villanueva a réellement été payant pour l’arrondissement de Montréal-Nord.

Dans un tel contexte, l’entêtement pathétique de Gilles Deguire à exclure le jeune Villanueva du projet de murale du centenaire ne constitue rien de moins qu’une marque d’ingratitude à la fois bête et honteuse.

Plus cheap que ça, tu meurs.

Gilles Deguire et consorts semblaient avoir oublié que Montréal-Nord a pourtant une dette envers la famille Villanueva.

En effet, le maire Parent avait, à l’époque des événements, exprimé publiquement sa reconnaissance envers la famille Villanueva dans le communiqué de presse dont nous avons déjà cité un extrait précédemment :

    Je tiens à remercier ouvertement la famille Villanueva d'avoir si ardemment condamné les actes de désordre et d'avoir lancé un appel au calme. La famille élargie de Freddy a eu raison de dissocier la tragédie entourant un des leurs du pillage et du vandalisme qui ont eu lieu au cours du week-end. Au plus profond de leur désarroi, ils ont fait preuve d'intégrité et de respect envers la communauté dans laquelle a grandi Freddy. Je leur en suis extrêmement reconnaissant. (41)

Le maire Parent faisait alors allusion aux propos tenus par Patricia Villanueva, grande sœur de Fredy, devant les représentants des médias.

« On est ceux qui vivent la douleur. C'est mon frère qui est parti. Mais même nous, on ne serait pas capables d'aller faire ce qu'ils ont fait. Quand ils ont commencé à mettre le feu partout, on s'est dit: mais pourquoi ils ont fait ça? C'est de la pure violence pour absolument rien », avait-elle déclaré. Son frère, Dany Villanueva, s’était d’ailleurs dit du même avis. « Beaucoup de monde aimait mon frère. Mais ça, ce n'est pas la meilleure chose. Ça ne me ramènera pas mon frère », avait-il lancé. (42)

Hommages en série

Pendant que l’arrondissement de Montréal-Nord s’enfermait dans le déni, les hommages et commémorations de feu Villanueva n’ont cessés de se multiplier. 

D’abord, dans la communauté hip hop, où l’on ne compte plus les chansons faisant mention de Fredy Villanueva.

Mentionnons la pièce « Villanueva » produite par un collectif d’artistes hip hop rassemblant Cobna, La Dame De Pique, Le Voyou, Dramatik et la formation Sans Pression, la pièce « Combien de morts » du rappeur Emrical, la pièce « ''Fredy Villanueva'' 988 Mon Petit Frère » de Marvilous ***, « Manif contre la brutalité policière (Fredy Villanueva) » du rappeur O.T.T., la pièce « Mon district » de la formation Mobsterz, laquelle est d’ailleurs issue de Montréal-Nord, la pièce « Des fois c'est dure » des rappeurs General et K-Nice, également de Montréal-Nord, et la pièce « État policier » des rappeurs  Obia Le Chef et El Cotola.

Et la liste n’a aucune prétention d’être exhaustive.

Les victimes de brutalité policière sont peu nombreuses à avoir fait l’objet d’autant d’hommages.

Il a même été question, le mois suivant le décès de Fredy Villanueva, d’un projet de murale en hommage à Fredy Villanueva. On peut trouver un texte consacré à ce projet sur le blogue de Raymond Viger, directeur artistique Café-Graffiti, un lieu de rencontre pour les jeunes rappeurs, DJ, graffiteurs et breakdancers. (43)

« Solidarité Montréal-Nord a bien apprécié le geste et a endossé la réalisation de cette murale », lit-on d’ailleurs.

Notons que quatre des cinq commentaires figurant sur le blogue de Viger se disaient en faveur du projet, qui ne se matérialisera jamais, malheureusement.

« Nous attendons encore les autorisations pour ce faire. Il y a parfois une lenteur et une lourdeur dans la démocratie », écrit Viger dans une mise à jour datée du 12 décembre 2009.

Mais les commémorations du décès de Fredy Villanueva ne s’arrêtent pas au monde du hip hop, loin de là.

Des artistes du milieu du théâtre ont également dit avoir été inspirés par le décès de Fredy Villanueva.

Pensons à la première pièce du dramaturge montréalais, Omari Newton, intitulée Sal Capone: The Lamentable Tragedy of, présentée en 2013. Dans le communiqué de presse annonçant la pièce, on peut lire que Newton affirme s’être inspiré de "l’affaire Fredy Villanueva". (44) Il faut cependant dire que le lien entre le drame du 9 août 2008 et l’histoire racontée dans la pièce de Newton était des plus ténus.

Toutefois, la pièce de la dramaturge montréalaise, Annabel Soutar, appelée simplement Fredy et dont la première est prévue en mars 2016, sera par contre réellement consacrée exclusivement à "l’affaire Villanueva". (45)

Même le milieu cinématographique n’y échappe pas, comme on l’a vu avec Noir (NWA), un film d’Yves Christian Fournier, réalisé à partir d’un scénario de Jean-Hervé Désiré, qui a pris l’affiche au grand écran au printemps 2015, alors que Montréal-Nord célébrait son centième anniversaire.

Dans toutes les entrevues que Fournier et Désiré ont accordés aux médias pour mousser Noir (NWA), "l’affaire Villanueva" est évoquée comme une source d’inspiration majeure pour ce film, tourné par ailleurs en partie à Montréal-Nord. (46)

Comme il l’a expliqué au quotidien The Gazette, Désiré caressait depuis plusieurs années le projet de rédiger un scénario se déroulerait dans l’un des quartiers difficiles de Montréal.

« [TRADUCTION] Lorsque l'incident Fredy Villanueva est arrivé, je me suis dit - "Maintenant est le moment d'en parler", a expliqué Désiré. Je pensais - "Pourquoi ne faisons-nous pas un film qui se déroule dans l'un de ces quartiers? Pour regarder comment sont leurs vies. Leurs espoirs. Les mauvaises choses. Les bonnes choses." » (47)

Dans les faits, la seule allusion vraiment directe au décès de Fredy Villanueva que l’on peut constater dans Noir (NWA) est cette scène où l’on voit le mémorial dédié au jeune défunt au pied d’un arbre adjacent stationnement où le policier Lapointe a commis l’irréparable.

Si le décès du jeune Villanueva inspire autant dans le milieu de la création, raison de plus pour que sa mémoire soit commémoré dans le cadre du 100e anniversaire de Montréal-Nord, non ?

Fait à souligner, durant un entretien avec La Presse, Fournier a indiqué sans équivoque que "l’affaire Villanueva" suscitait  toujours beaucoup d’intérêt dans la population de Montréal-Nord.

« Quand je me promenais dans le quartier pour faire du repérage, les gens venaient me voir et me demandaient: c'est un film sur Villanueva? C'est ça qu'ils voulaient! J'avais une responsabilité de l'inclure d'une certaine manière. D'ailleurs, on voit dans le film l'endroit où il est mort », a-t-il expliqué. (48)

Voilà qui vient contredire les nombreuses affirmations de Gilles Deguire à l’effet que Montréal-Nord aurait « tourné la page ».

Ainsi, quand Gilles Deguire disait qu’il était le maire des 88 000 citoyens vivant à Montréal-Nord, il semblait oublier qu’il était aussi le maire des gens du quartier nord-est qui ont exprimé leur intérêt au réalisateur Fournier au sujet de "l’affaire Villanueva".

Exclure toute référence à Fredy Villanueva de la murale en disant que c’est le vœu de « l’ensemble de la collectivité », comme l’a prétendu Gilles Deguire, revient à alimenter le sentiment d’exclusion des jeunes de Montréal-Nord qui se sont reconnus dans Fredy Villanueva et des mères de famille qui se sont reconnues dans la mère du jeune décédé prématurément. Comment ces citoyens peuvent-ils développer un sentiment d’appartenance quand le maire de leur propre communauté répète sur toutes les tribunes que toute la collectivité ne veut pas de quelque chose qui représente tant à leurs yeux ?

Bref, par ses déclarations publiques irréfléchies, Gilles Deguire a déjà porté atteinte au sentiment d’appartenance de nombreux résidents de Montréal-Nord ; et la seule et unique façon de réparer les dégâts qu’a causé l’ex-maire de l’arrondissement, c’est de faire une place pour Fredy Villanueva dans la murale.

Mais au lieu de se montrer à l’écoute des citoyens favorables à un hommage au jeune disparu, Gilles Deguire a préféré ignorer leurs voix, en se disant plutôt à la recherche de « quelque chose qui puisse rallier l’ensemble de la collectivité ». (49)

Lors de la réunion du 20 août 2015, une des responsables de l’arrondissement avait tenu le même genre de discours, en affirmant que la murale devait être « consensuelle », de façon à ne pas causer de « discorde ».

Une vision des choses qui posait problème pour Laurent Turcot, professeur d’histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« Ce qui est dangereux, avec l’attitude du maire, je pense, c’est que non seulement, il le pousse sous le tapis, mais il est en train de faire ce que j’appelle un devoir d’oubliance, on ne doit pas rappeler ce qui divise, ce qui oppose », a-t-il déclaré à l’émission de radio de Franco Nuovo. (50)

Cette crainte irrationnelle de la discorde semble moins présente aux États-Unis, où il n’est pas rare que le street art soit mis à contribution pour rendre hommage à des citoyens ayant été victimes de brutalité policière, comme Michael Brown, à Ferguson, (51) Freddie Gray, à Baltimore, (52) Oscar Grant, à Oakland, (53) Sandra Bland, à Waller County (Texas) (54) ou encore Ezell Ford Jr., à Los Angeles. (55) Nos voisins du sud ne semblent pas avoir peur de commémorer des bavures policières ayant, dans certains cas, données lieu à des émeutes qui ont souvent été pas mal plus intenses que celle qui a éclaté à Montréal-Nord, le 10 août 2008.

Rarement a-t-on vu autant d’hommages envers une victime québécoise de bavure policière. Malheureusement, comme on l’a vu, aucun d’eux n’est venu de la part de figures d’autorité étatique.

En fait, il faut se rendre en Basse-Côte-Nord pour trouver le seul hommage de nature « officiel » envers une victime d’abus policiers. C’est en effet dans cette région que l’aréna de La Romaine a été rebaptisée Terry-Lalo, en l’honneur de ce jeune Innu, décédé à l’âge de 16 ans d’un traumatisme crânien après avoir été heurté par une auto-patrouille de la Sûreté du Québec, le 15 avril 2002. (56)

Si une telle commémoration était bonne pour Terry Lalo, pourquoi cela ne le serait-il pour Fredy Villanueva aussi ?

Conclusion

L’inclusion de Fredy Villanueva dans la murale du centenaire pourrait représenter un début en terme de soulagement de la blessure, toujours vive, qu’éprouvent les proches du jeune défunt.

Ou sinon, à tout le moins, l’installation d’une plaque commémorative, comme l’a demandé Lilian Madrid, la mère de Fredy Villanueva, lors d’une récente entrevue avec le journal Métro.

« Si on refuse la murale avec Fredy, j’aimerais au minimum avoir une plaque au pied de l’arbre où mon fils est mort, pour m’y recueillir », a-t-elle déclarée. (57)* (Notons que la revendication relative à la plaque commémorative avait déjà été formulée par Montréal-Nord Républik, en octobre 2010.) (58)

« Jamais je n’oublierai, promet, d’ajouter Mme Madrid. La douleur est toujours là. Fredy me manque, je pense toujours à lui. Je ne peux pas travailler, j’essaye d’avoir des activités, mais c’est très difficile. Il est toujours dans mon cœur, dans mon corps ».

Contactés par le journal Métro, les responsables de l’arrondissement sont restés muets comme des carpes devant le déchirant cri du cœur de la mère de Fredy Villanueva.

L’avenir dira si la personne qui succédera à Gilles Deguire à la mairie de l’arrondissement saura faire preuve d’empathie envers la famille du jeune disparu.

Et surtout, s’il s’agira d’une personne qui tranchera avec l’insensibilité d’un Gilles Deguire qui ne faisait même pas l’effort d’essayer de masquer son indifférence totale à la douleur de la famille en répétant sur toute les tribunes que Montréal-Nord avait « tourné la page » sur le décès de Fredy Villanueva.

Mais depuis que l’on sait que Gilles Deguire doit répondre d’accusations d’agression sexuelle sur une personne d’âge mineur, il y a fort à parier que c’est Montréal-Nord qui voudra s’empresser de tourner la page sur cet ancien policier qui lui a servi de maire pendant six longues années. (59)

Et la meilleure façon de tirer un trait définitif sur la gênante ère Deguire, c’est d’inclure Fredy Villanueva dans la murale du centenaire.

Après tout, la fondation de l’édifice argumentaire à Gilles Deguire reposait sur le désir de donner une image nouvelle et meilleure de Montréal-Nord, en voulant faire oublier la bavure du 9 août 2008 et l’émeute qui l’a suivi.

Or, à la même époque où Gilles Deguire tenait ce discours dans les médias, l’ex-policier reconverti en politicien se livrait à des abominations impensables sur une personne vulnérable de par son âge.

Résultat : lorsque le chat est finalement sorti du sac, le nom de Montréal-nord a, une fois de plus, été associé à un incident odieux.

S’il y a quelqu’un qui a terni l’image de l’arrondissement, c’est bien Gilles Deguire !

 

Sources :

(1) Avis public MU, « Appel de candidatures – Murale pour les 100 ans de Montréal-Nord », 3 mars 2015.

(2) « Une surveillance imperceptible - Enquête sur l’efficacité et la crédibilité des opérations de l’Unité des enquêtes spéciales », André Marin, Ombudsman de l’Ontario [2008], p. 101-102.

(3) Canoë, « Bientôt un parc Fredy-Villanueva? - L'arrondissement dit non », Yves Poirier, 10 août 2011, 19h15

(4) Le Devoir, « Montréal-Nord - Cinq ans plus tard, comment tourner la page? », Antoine Dion-Ortega, 10 août 2013, p. A1.

(5) Métro, « Graffiti en mémoire de Fredy Villanueva: sitôt peint, sitôt effacé », Jean-Marc Gilbert, 11/08/2015 Mise à jour : 11 août 2015 | 17:02.

(6) La CRAP, « Les recommandations du coroner, kosse ça donne ? (1ère partie) », 8 décembre 2014.

(7) Le Devoir, « Une murale à mémoire sélective », Jérôme Delgado, 18 août 2015.

(8) Journal de Montréal, « Montréal-Nord - Pas de place pour Fredy dans la murale », 18 août 2015 10:20 MISE à JOUR Mardi, 18 août 2015 10:20.

(9) TVA Nouvelles, « Pas de place pour Fredy dans la murale (entrevue avec le maire de Montréal-Nord) », 18 août 2015.

(10) TVA Nouvelles, « Pas de place pour Fredy dans la murale (entrevue avec le maire de Montréal-Nord) », 18 août 2015 06:18.

(11) Ici Radio-Canada, « Murale controversée à Montréal-Nord : Entrevue avec le maire Gilles Deguire », 18 août 2015.

(12) Métro, « Pression pour ajouter Fredy Villanueva à la murale du centenaire », Jean-Marc Gilbert, Mise à jour : 19 août 2015 | 17:06.

(13) Ville de Montréal, « Murale du centenaire de Montréal-Nord ─ L'arrondissement met en place une large consultation », 19 août 2015.

(14) CNW Telbec, « Murale du centenaire de Montréal-Nord - La démarche de participation citoyenne s'enclenche », 21 octobre 2015.

(15) Radio-Canada, « Pour une journée commémorative », Mise à jour le lundi 11 avril 2011 à 15 h 05 HAE.

(16) Enquête publique du coroner André Perreault sur les causes et circonstances du décès de Fredy Villanueva, notes sténographiques du 6 juillet 2010, p. 246.

(17) Rapport d’enquête d’André Perreault, coroner à temps partiel, sur les causes et circonstances du décès de Fredy Alberto Villanueva, survenu à Montréal, le 9 août 2008, dossier no 141740, p. 131.

(18) Op. cit., Métro, 11 août 2015 | 17:02.

(19) Op. cit., Le Devoir, 10 août 2013, p. A1.

(20) SPVM, « Mécontentement populaire et pratiques d'interpellation du SPVM depuis 2005: doit-on garder le cap après la tempête ? », Mathieu Charest, mars 2009.

(21) COURCY Martin, « Rapport d’intervention à Montréal-Nord », octobre 2008.

(22) Centre international de prévention de la criminalité, « Brève analyse comparée des violences urbaines », Jean-Paul Brodeur, Massimiliano Mulone, Frédéric Ocqueteau et Valérie Sagant, 1er décembre 2008.

(23) CHEVALIER Serge, LEBEL Anouk, « Montréal-Nord, le point de vue citoyen », (2009) Direction de la santé publique, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (2009).

(24) « Montréal-Nord: l'urgence d'agir ensemble », Rapport des chantiers de Montréal-Nord, mars 2009.

(25) BERNARD Leonel, McALL Christopher, « Jeunes, police et système de justice - La surreprésentation des jeunes Noirs montréalais », CREMIS, 20 mars 2009.

(26) CNW Telbec, « Pour donner une voix aux 14 à 25 ans – consultation sur le profilage racial et ses conséquences », Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 17 septembre 2009.

(27) SPVM, «Des valeurs partagées, un intérêt mutuel - Plan stratégique en matière de profilage racial et social 2012-2014 ».

(28) Protecteur du citoyen, « Procédure d’enquête appliquée au Québec lors d’incidents impliquant des policiers - Pour un processus crédible, transparent et impartial qui inspire confiance et respect », février 2010, Assemblée nationale.

(29) Op. cit., Métro, Mise à jour : 11 août 2015 | 17:02.

(30) Le Journal de Montréal, «Daniel n’est pas mort en vain», Marie Christine Trottier, 9 août 2015 17:32 MISE à JOUR Dimanche, 9 août 2015 17:32.

(31) CNW Telbec, « Le maire de Montréal-Nord s'adresse à ses concitoyens », 13 août 2008.

(32) CNW Telbec, « Une grande solidarité anime la communauté de Montréal-Nord », 15 août 2008.

(33) Guide de Montréal-Nord, « Vigile et "Hoodstock ’09": le monde politique à l’écoute », Yvan Fortin, 9 août 2009 à 23:54.

(34) Le Devoir, « Tensions palpables pour l'anniversaire de la mort de Fredy Villanueva », Marco Bélair-Cirino, 10 août 2009.

(35) Le Journal de Montréal, « Montréal-Nord - Concert d'amour de l'OSM », David Patry, 6 septembre 2008 07h37.

(36) RDS.ca, « Le Canadien dévoile une autre patinoire », 19 janvier 2016 23:32.

(37) CNW Telbec, « Evénements de Montréal-Nord 2008 - La Ville de Montréal fait le point sur les solutions mises de l'avant », 6 août 2009.

(38) Radio-Canada, « Logement social - Pour les jeunes mères célibataires », Mise à jour le lundi 30 mars 2009, 21h53.

(39) Radio-Canada, « Affaire Villanueva : cinq ans après à Montréal-Nord », Mise à jour le vendredi 9 août 2013 à 21 h 43 HAE.

(40) Le Journal de Montréal, « Un quartier qui reprend vie », Mathieu Turbide, 4 août 2009.

(41) Op. cit., CNW Telbec, 13 août 2008.

(42) La Presse, « La famille Villanueva lance un appel au calme », Martin Croteau, 12 août 2008.

(43) « Une murale en l’honneur de Fredy Villanueva », Posted on 22 septembre 2008 by Raymond Viger.

(44) Presse release, “Montreal Police shooting inspires Black Theatre Workshop & urban ink productions’ World Premiere”, October 1st 2013.

(45) Métro, « Décès de Fredy Villanueva: une pièce de théâtre revisite le drame », Romain Schué, Mise à jour : 6 janvier 2016 | 4:00.

(46) Radio-Canada, « L'affaire Villanueva, un tournant dans l'écriture du film Noir (NWA) », Mise à jour le vendredi 10 avril 2015 à 17 h 04 HAE.

(47) The Gazette, “Being black in Montreal North: film Noir (NWA) takes a gritty look”, Brendan Kelly, Last Updated: April 5, 2015 5:00 PM EST.

(48) La Presse, « NOIR (NWA): Fournier-Désiré, chaud tandem », Chantal Guy, Mis à jour le 06 avril 2015 à 08h00.

(49) TVA Nouvelles, « Pas de place pour Fredy dans la murale (entrevue avec le maire de Montréal-Nord) », 18 août 2015.

(50) Ici Radio-Canada, « Murale controversée à Montréal-Nord : Entrevue avec l'historien Laurent Turcot », 18 août 2015.

(51) http://animalnewyork.com/2014/mike-brown-rip-mural/

(52) https://storify.com/LadyJo_LovesU/baltimore-street-artists-memoralize-freddie-gray

(53) http://endlesscanvas.com/?p=10140

(54) http://www.kalkidan-assefa.com/2015/07/thoughts-on-ottawa-techwall-sandra.html#.VoOJSk-YbE0

(55) http://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/mural-of-ezell-ford-a-25-year-old-mentally-ill-black-man-is-news-photo/460895018

(56) Le Soleil, « Enquête Terry Lalo - Témoignages émouvants », Stéphane Tremblay, 27 septembre 2003, p. A15.

(57) Métro, « Lilian, mère de Fredy Villanueva, tué par un policier: "Je ne peux pas pardonner"», Romain Schué, 13/01/2016 Mise à jour : 13 janvier 2016 | 9:59.

(58) Montréal-Nord Républik, « Du racisme pur et simple au SPVM: des changements s’imposent ! », 12 octobre 2010.

(59) Le Journal de Montréal, « L’ex-maire de Montréal-Nord accusé d’agression sexuelle », Michaël Nguyen et Christopher Nardi, 18 janvier 2016 15:37 MISE à JOUR Lundi, 18 janvier 2016 21:50.